dimanche 13 décembre 2020

6 décembre 1989 – 6 décembre 2020

Article publié le 13 décembre 2020 sur cyjung.com

 

14 roses blnches pour les 14 victimes de ce massacre
Le 6 décembre 1989, un homme armé d’un fusil-mitrailleur est entré dans l’École polytechnique de Montréal (Québec) ; il a pénétré dans une salle de cours, il a dit aux hommes de sortir. Puis il a crié « Je hais les féministes ! ». Il a tiré et s’est suicidé. 
Il a tué quatorze femmes et en a blessé dix-neuf.

 

Floence Montreynaud
Chaque année depuis 2000, Florence Montreynaud organise à Paris un femmage aux victimes de ce que l’on considère (enfin) aujourd’hui comme un attentat antiféministe mais qui a longtemps été désigné par les autorités canadiennes comme une simple tuerie de masse. L’auteur de ce féminicide s’est suicidé après ce massacre et a laissé derrière lui une signature machiste sans ambiguïté, signature qui fait de lui un inspirateur du mouvement masculiniste. La commémoration organisée par Florence Montreynaud prend ainsi une dimension politique majeure au-delà de notre chagrin et de notre indignation. Nous devons nous lever et porter une action féministe révolutionnaire non violente parce que la domination masculine est une vision du monde qui, par nature, opprime et asservit les femmes.
Lors de ces femmages, nous portons une banderole citant Benoîte Groult « {Le féminisme n’a jamais tué personne, le machisme tue tous les jours} ».
Des roses blanches sont déposées au pied de la sculpture de l'artiste québécois Charles Daudelin pour évoquer la mémoire des femmes assassinées ce 6 décembre 1989. Elles sont quatorze. Elles s’appelaient Geneviève Bergeron, Hélène Colgan, Nathalie Croteau, Barbara Daigneault, Anne-Marie Edward, Maud Haviernick, Barbara Maria Kluznick, Maryse Laganière, Maryse Leclair, Anne-Marie Lemay, Sonia Pelletier, Michèle Richard, Annie St-Arneault et Annie Turcotte. Nous lisons leur nom au dépôt de chaque rose. Et nous terminons ce moment solennel par quelques chansons portées par les Voix rebelles.
Une présentation de ces commémorations est sur le site de Encore féministes

 

Banderole : le féminims n'a jamais tué personne, le machisme tue tous les jours.

Depuis que je sais l’existence de cet attentat antiféministe, je participe chaque année à cette commémoration. J’y suis particulièrement attachée. En 2015, l’état d’urgence suite aux attentats à Paris avait interdit ce rassemblement. J’avais pris la responsabilité de braver cette interdiction et avais donné rendez-vous à quelques amis pour un hommage interlope. Nous étions six, très émus.

Je porte un bouquet de roses

Ce 6 décembre 2020, c’est l’état d’urgence sanitaire qui en a contraint l’organisation. J’ai pris la responsabilité de proposer à qui voudrait une promenade, rose blanche en main, place du Québec. Les Voix rebelles se sont associées à ce rendez-vous.
Nous étions douze. J’avais interpellé nos élues parisiennes, considérant que la Ville de Paris a vocation à soutenir cet hommage. Geneviève Garrigos conseillère de Paris et du 20e, est venue. Nous avons déposé quatorze roses blanches, nous sommes recueillies à la lecture des noms et avons chanté avec les Voix rebelles.

Les 12 de 2020
Nous avons enfin rejoint une buvette près de l’église Saint-Germain où nous avons savouré ce moment de partage féministe (dans le respect des gestes barrière, forcément) et fomenté le projet de porter plus directement notre concours à l’organisation de cette commémoration, Florence Montreynaud ayant bien envie de passer le relais. C’est une grande responsabilité que cela, plus grande encore que de braver l’état d’urgence ! Mais je vais la prendre, en la partageant avec les Voix rebelles, Flora Bolter, co-référente de Fierté en commun, et Isabelle Thézé.
Si vous souhaitez nous apporter votre aide, écrivez-moi.

Note. Des images de cette commémoration ont été prises par Marie Gendron. On peut les voir sur Youtube.


Je suis seule dans la nuit

Cy Jung, écrivaine.