Je vous demanderai à présent une minute de silence.
Je vous demanderai à présent une minute de silence.
Je vous donne rendez-vous le 6 décembre 2022 à 19 h 15 pour la commémoration du massacre antiféministe du 6 décembre 1989, place du Québec, à Paris (6e) en présence de Laurence Patrice, adjointe à la maire de Paris en charge de la Mémoire ainsi que Marie-Christine Lemardeley, Geneviève Garrigos, Céline Hervieu et Marine Rosset élues au Conseil de Paris et d'arrondissements ainsi que monsieur Vezina qui représente madame Michèle Boisvert, déléguée générale du Québec.
Toutes les informations sur cette commémoration sont disponibles sur ce blogue. Vous pouvez également vous inscrire et relayer l’événement Facebook.
Note. L'arrêté préfectoral 2021-01207 du 26 novembre 2021 reste en vigueur. Il rend obligatoire le port du masque lors d'une manifestation statique sur la voie publique.
Bonjour,
Florence Montreynaud, organisatrice depuis 2000 de la commémoration à Paris, nous invite à signer une pétition demandant à l’ONU que le 6 décembre, jour du
massacre antiféministe à la Polytechnique de Montréal, devienne la
Journée internationale contre les féminicides.
Voici le lien sur cette pétition (en anglais ; ci dessous le texte en français envoyé par Florence).
Je m'associe à cette initiative et vous invite à mon tour à signer cette pétition et à la faire circuler. Je ne manquerai pas de vous tenir informé·es de ses suites.
Cy Jung, écrivaine
Voici le texte en français envoyé par Florence.
Journée des droits de l'homme, 10 décembre 2021 : Des féminicides — le meurtre de femmes en raison de leur sexe et/ou de leur genre — ont lieu autour de nous, et les auteurs de ces crimes sont généralement en liberté. Rien qu'aujourd'hui, dans le monde, plus de 100 femmes seront tuées par un partenaire intime ou un membre de leur famille parce qu'elles sont des femmes (UNODC).
En mars 2021, Sarah Everard a été violée et assassinée par un policier qui n'était pas en service, au Royaume-Uni. Marisol Cuadras, 18 ans, a été abattue au Mexique le 25 novembre 2021 alors qu'elle participait à une manifestation publique pour dénoncer la violence contre les femmes. Si le féminicide a trop souvent lieu en privé, il est aussi commis en public, par des personnes qui ne sont pas membres de la famille ou par des employés de l'État.
Des féminicides ont lieu aussi dans le monde du travail et en politique. Certaines femmes courent plus de risques à cause de leur âge, de leur couleur de peau, de leur origine ethnique, de leur caste, de leur identité de genre, de leur statut de migrante et de leur handicap.
Les preuves sont indiscutables, et le problème s'aggrave. La pandémie de COVID-19 a entraîné une flambée mondiale de la violence domestique, qui est le principal signe avant-coureur d’un féminicide. En 2020, toutes les 11 minutes (UNODC), une femme ou une fille a été tuée par un membre de sa famille. Le nombre total de féminicides est bien plus élevé si l'on tient compte de formes indirectes, comme les décès maternels dont on dénombre près de 300 000 chaque année, soit plus d'un toutes les deux minutes (UNFPA).
Depuis 2019, la campagne mondiale des 16 jours a choisi le 6 décembre — date anniversaire du massacre de Montréal de 1989, lorsqu'un homme a sélectionné et assassiné 14 femmes parce qu'elles étaient de sexe féminin — comme Journée de commémoration du féminicide. Pourtant, plus de trois décennies après cet acte horrible, les femmes et les filles continuent d'être la cible d'une violence mortelle, tant en public qu'en privé.
Aujourd'hui, nous vous demandons, ainsi qu'à l'ensemble des communautés, des organisations et des dirigeants du monde entier, de vous joindre à nous pour demander à l'ONU de déclarer le 6 décembre Journée internationale pour mettre fin au féminicide. Les gouvernements sont légalement tenus d’y mettre fin, et beaucoup ont promis de le faire. Pourtant, ils n'y parviennent pas. En instaurant cette Journée, nous pouvons
AMPLIFIER la sensibilisation au féminicide et la réponse au niveau mondial
EXIGER que nos gouvernements agissent de toute urgence pour mettre fin à TOUTES les formes de féminicide.
UNIR nos mouvements et nos luttes au-delà des frontières et construire la solidarité.
Votre signature sur cette pétition aidera à persuader l'ONU et les gouvernements de prendre des mesures décisives pour mettre fin au féminicide et contribuer à sauver la vie de femmes et de filles.
Place du Québec, 19 heures.
Bonsoir,
Nous commémorons ce 6 décembre le massacre de l’école Polytechnique de Montréal, massacre au cours duquel quatorze femmes ont été assassinées par un terroriste masculiniste. Florence Montreynaud portait depuis près de vingt ans cet hommage avec le réseau Encore féministes ! Florence a souhaité se consacrer à d’autres missions dans son action infatigable contre le machisme. Avec deux amies, Flora Bolter et Isabelle Thézé, nous lui avons proposé d’organiser cette commémoration dont je porte aujourd’hui la responsabilité.
J’en suis très touchée et vous remercie sincèrement d’avoir répondu à mon invitation, vous, femmes et hommes engagés contre toutes les violences sexistes. Je suis également touchée que Laurence Patrice, adjointe à la maire de Paris en charge de la Mémoire, soit présente ce soir avec Marie-Christine Lemardeley, Geneviève Garrigos et Jean-Luc Roméro-Michel qui témoignent ainsi de l’engagement de Paris, ma Ville, dans la lutte contre les violences et les discriminations dont sont victimes les femmes, pour l’égalité, la liberté.
Je vous demanderai de porter le masque tout au long de cette courte cérémonie qui est filmée par Marie Gendron. Vous pouvez vous signaler à elle si vous ne souhaitez pas apparaître sur les images.
Le 6 décembre 1989, quatorze étudiantes québécoises qui se destinaient au métier d’ingénieure ont été assassinées et dix-neuf autres blessées par un terroriste masculiniste dont je n’ai pas envie de propager le nom. Armé d’un fusil-mitrailleur, il est entré dans l'École Polytechnique de Montréal, a pénétré dans une salle de cours, en a fait sortir les hommes et a tiré sur les femmes présentes au cri de « Je hais les féministes ». On a trouvé sur lui un tract antiféministe et une liste de femmes connues qu’il voulait également assassiner.
Ce massacre n’est pas l’acte d’un fou isolé. Les féminicides — 107 à ce jour en France pour les onze premiers mois de l’année — ne sont pas des actes isolés. Les viols, les violences et agressions dont sont victimes les femmes ne sont pas des actes isolés. Les discriminations qu’elles subissent quotidiennement dans tous les secteurs de la vie économique, sociale et culturelle ne sont pas des actes isolés. Ces actes, ces faits, ces décisions, ces gestes, ces comportements forment le ciment du patriarcat, système politique où la domination masculine est encore si fière d’elle-même qu’elle envahit le champ médiatique et électoral, ne cessant jamais, à chaque coin de rue, de nous opprimer.
Si je suis attachée à la commémoration de ce massacre, c’est aussi parce que d’aucuns s’en revendiquent en France aujourd’hui et qu’à mon sens, le seul moyen d’obtenir l’égalité, la liberté, de faire que la vie des femmes comme tout autre vie soit respectée, protégée, c’est de s’attaquer aux racines du mâle et au système de domination qui lui est si chair.
J’ai écrit mâle avec un accent circonflexe et un e ; chair, c h a i r.
À l’appel du nom de chaque femme morte au cours de ce massacre, j’invite les quatorze personnes qui portent une rose à venir la déposer au pied de cette fontaine de l'artiste québécois Charles Daudelin qui accueille depuis plus de vingt ans notre souvenir et l’emporte jusque dans les eaux du Saint-Laurent. Je gage que cette place accueillera bientôt une plaque commémorative.
Elles s’appelaient Geneviève Bergeron, Hélène Colgan, Nathalie Croteau, Barbara Daigneault, Anne-Marie Edward, Maud Haviernick, Barbara Maria Kluznick, Maryse Laganière, Maryse Leclair, Anne-Marie Lemay, Sonia Pelletier, Michèle Richard, Annie St-Arneault et Annie Turcotte.
Je vous demanderai à présent une minute de silence.
Encore merci à toutes et tous
d’être présents ce soir ; je crois en la force de la pensée
et de l’action collective. Après cette commémoration que nous
allons clore par des chants avec les Voix rebelles, ne nous quittons
pas.
Merci.
Cy Jung, écrivaine
Article publié le 13 décembre 2020 sur cyjung.com
L'état d'urgence suite aux attentats du 13 novembre interdisait toute manifestation ce 6 décembre 2015. Et pourtant.
Nous
étions six ce soir à nous promener par hasard place du Québec à Paris,
ravis que le jour et l'heure soient les bons pour partager nos pensées
émues et nos roses avec les quatorze femmes victimes du massacre
antiféministe de Polytechnique Montréal le 6 décembre 1989.
Il y
avait là Laurie, doctorante venue de Suède, qui tient
l'appareil photo, Flora, coprésidente du Centre LGBT Paris-IDF,
Soizick, dessinatrice, Nicolas, coprésident de David et
Jonathan, Isabelle, directrice Inclusion & Développement
durable à Paris 2018 et moi-même. Une personne s'est arrêtée au
déclenchement d'une photo. Gageons qu'elle ne m'en veuille pas d'y
rester, elle y a toute sa place.
Un merci très chaleureux à Florence
Montreynaud sans qui cette commémoration parisienne n'aurait pas lieu.
Elle a été contrainte d'annuler la commémoration officielle pour des
raisons de sécurité. Nous étions tous les six très fiers de porter son
engagement en ces quelques minutes de recueillement interlope.
À l'année prochaine !
Cy Jung, écrivaine.
2014 : quelques images de la cérémonie du 25e anniversaire à Paris (merci à Jacques Raffin).