Bonsoir,
Nous commémorons ce 6
décembre le massacre de l’école Polytechnique de Montréal,
massacre au cours duquel quatorze femmes ont été assassinées par
un terroriste masculiniste. Florence Montreynaud portait depuis près
de vingt ans cet hommage avec le réseau Encore féministes ! En
2021, Florence a souhaité se consacrer à d’autres missions. Avec
deux amies, Flora Bolter et Isabelle Thézé, nous lui avons proposé
d’organiser cette commémoration dont nous portons aujourd’hui la
responsabilité.
Je vous remercie sincèrement
d’avoir répondu à notre invitation, vous, femmes et hommes engagés
contre toutes les violences sexistes. Je remercie également Laurence
Patrice, adjointe à la maire de Paris en charge de la Mémoire,
d’être présente ce soir avec Geneviève Garrigos, Marie-Christine
Lemardeley, Celine Hervieu et Raphaëlle Rémy-Leleu, conseillères de Paris. Nos élues témoignent ainsi de l’engagement
de Paris dans la lutte contre les violences et les discriminations
dont sont victimes les femmes, pour l’égalité, la liberté.
Je veux aussi remercier
chaleureusement monsieur Vezina qui représente ce soir madame
Michèle Boisvert, déléguée
générale du Québec ; je suis personnellement touchée que les
autorités publiques du pays dont ces femmes étaient citoyennes
s’associent à notre commémoration.
Je vous demanderai de porter
le masque tout au long de cette courte cérémonie, un arrêté
préfectoral de 2021 l’impose.
Le 6 décembre 1989, quatorze
élèves ingénieures et professeures québécoises ont été
assassinées et dix-neuf autres blessées par un terroriste
masculiniste. Armé d’un fusil-mitrailleur, il est entré dans
l'École Polytechnique de Montréal, a pénétré dans une salle de
cours, en a fait sortir les hommes et a tiré sur les femmes
présentes au cri de « Je hais les féministes. » On a
trouvé sur lui un tract antiféministe et une liste de femmes
connues qu’il voulait également assassiner.
Ce massacre n’est pas l’acte
d’un fou isolé. Les féminicides — entre 102 et 121 à ce jour
en France pour les onze premiers mois de l’année 2022, selon les
sources — ne sont pas des actes isolés. Les viols, les
violences et agressions dont sont victimes les femmes ne sont pas des
actes isolés. Les discriminations qu’elles subissent
quotidiennement dans tous les secteurs de la vie économique, sociale
et culturelle ne sont pas des actes isolés. Ces actes, ces faits,
ces décisions, ces gestes, ces comportements forment le ciment du
patriarcat, système politique où la domination masculine est encore
si fière d’elle-même qu’elle envahit le champ médiatique,
commercial et électoral, ne cessant jamais, à chaque coin de rue,
de nous opprimer. La « magie de Noël » en cours nous en
donne tant d’exemples ; la Saint-Valentin ne s’en privera
pas non plus…
Si nous sommes attachées à cette
commémoration, c’est aussi parce que ce massacre antiféministe a
la particularité d’avoir été commis par un homme blanc dans un
pays occidental à la fin du 20e siècle. Je ne doute pas
que c’est pour cela qu’il est si peu l’objet de commémorations
tout en offrant à d’autres hommes blancs un exemple à suivre. Je
vous remercie d’autant, chacune, chacun, d’être là ce 6
décembre, les précédents, les futurs. Porter la mémoire est
toujours un acte politique majeur. Portons-la.
À l’appel du nom de chaque
femme morte au cours de ce massacre, j’invite les quatorze
personnes avec une rose à venir la déposer au pied de cette
fontaine de l'artiste québécois Charles Daudelin qui accueille
depuis plus de vingt ans notre recueillement et l’emporte jusque
dans les eaux du Saint-Laurent. Je gage que cette place accueillera
bientôt une plaque commémorative.
Elles s’appelaient
Geneviève Bergeron, Hélène Colgan, Nathalie Croteau, Barbara
Daigneault, Anne-Marie Edward, Maud Haviernick, Barbara Maria
Kluznick, Maryse Laganière, Maryse Leclair, Anne-Marie Lemay, Sonia
Pelletier, Michèle Richard, Annie St-Arneault et Annie Turcotte.
Je vous demanderai à présent une minute de silence.
Encore merci à toutes et tous
d’être présents ce soir ; je crois en la force de la pensée
et de l’action collective. Après cette commémoration que nous
allons clore par trois chants avec les Voix rebelles, dont l'un écrit par Marie Gendron et dédié à ce massacre, ne nous quittons
pas.
Merci.
Cy Jung, écrivaine, pour le Collectif parisien pour la commémoration du massacre antiféministe de l'école Polytechnique de Montréal.
Note. Si vous souhaitez rejoindre notre collectif, contactez-nous.
Une vidéo de Marie Gendron vous fera revivre cette commémoration.
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