samedi 10 décembre 2022

6 décembre 2022 — Paris


Bonsoir,
 
Nous commémorons ce 6 décembre le massacre de l’école Polytechnique de Montréal, massacre au cours duquel quatorze femmes ont été assassinées par un terroriste masculiniste. Florence Montreynaud portait depuis près de vingt ans cet hommage avec le réseau Encore féministes ! En 2021, Florence a souhaité se consacrer à d’autres missions. Avec deux amies, Flora Bolter et Isabelle Thézé, nous lui avons proposé d’organiser cette commémoration dont nous portons aujourd’hui la responsabilité.

Je vous remercie sincèrement d’avoir répondu à notre invitation, vous, femmes et hommes engagés contre toutes les violences sexistes. Je remercie également Laurence Patrice, adjointe à la maire de Paris en charge de la Mémoire, d’être présente ce soir avec Geneviève Garrigos, Marie-Christine Lemardeley, Celine Hervieu et Raphaëlle Rémy-Leleu, conseillères de Paris. Nos élues témoignent ainsi de l’engagement de Paris dans la lutte contre les violences et les discriminations dont sont victimes les femmes, pour l’égalité, la liberté.

Je veux aussi remercier chaleureusement monsieur Vezina qui représente ce soir madame Michèle Boisvert, déléguée générale du Québec ; je suis personnellement touchée que les autorités publiques du pays dont ces femmes étaient citoyennes s’associent à notre commémoration.


Je vous demanderai de porter le masque tout au long de cette courte cérémonie, un arrêté préfectoral de 2021 l’impose.


Le 6 décembre 1989, quatorze élèves ingénieures et professeures québécoises ont été assassinées et dix-neuf autres blessées par un terroriste masculiniste. Armé d’un fusil-mitrailleur, il est entré dans l'École Polytechnique de Montréal, a pénétré dans une salle de cours, en a fait sortir les hommes et a tiré sur les femmes présentes au cri de « Je hais les féministes. » On a trouvé sur lui un tract antiféministe et une liste de femmes connues qu’il voulait également assassiner.
Ce massacre n’est pas l’acte d’un fou isolé. Les féminicides — entre 102 et 121 à ce jour en France pour les onze premiers mois de l’année 2022, selon les sources — ne sont pas des actes isolés. Les viols, les violences et agressions dont sont victimes les femmes ne sont pas des actes isolés. Les discriminations qu’elles subissent quotidiennement dans tous les secteurs de la vie économique, sociale et culturelle ne sont pas des actes isolés. Ces actes, ces faits, ces décisions, ces gestes, ces comportements forment le ciment du patriarcat, système politique où la domination masculine est encore si fière d’elle-même qu’elle envahit le champ médiatique, commercial et électoral, ne cessant jamais, à chaque coin de rue, de nous opprimer. La « magie de Noël » en cours nous en donne tant d’exemples ; la Saint-Valentin ne s’en privera pas non plus…
Si nous sommes attachées à cette commémoration, c’est aussi parce que ce massacre antiféministe a la particularité d’avoir été commis par un homme blanc dans un pays occidental à la fin du 20e siècle. Je ne doute pas que c’est pour cela qu’il est si peu l’objet de commémorations tout en offrant à d’autres hommes blancs un exemple à suivre. Je vous remercie d’autant, chacune, chacun, d’être là ce 6 décembre, les précédents, les futurs. Porter la mémoire est toujours un acte politique majeur. Portons-la.


À l’appel du nom de chaque femme morte au cours de ce massacre, j’invite les quatorze personnes avec une rose à venir la déposer au pied de cette fontaine de l'artiste québécois Charles Daudelin qui accueille depuis plus de vingt ans notre recueillement et l’emporte jusque dans les eaux du Saint-Laurent. Je gage que cette place accueillera bientôt une plaque commémorative.


Elles s’appelaient Geneviève Bergeron, Hélène Colgan, Nathalie Croteau, Barbara Daigneault, Anne-Marie Edward, Maud Haviernick, Barbara Maria Kluznick, Maryse Laganière, Maryse Leclair, Anne-Marie Lemay, Sonia Pelletier, Michèle Richard, Annie St-Arneault et Annie Turcotte.

Je vous demanderai à présent une minute de silence.


Encore merci à toutes et tous d’être présents ce soir ; je crois en la force de la pensée et de l’action collective. Après cette commémoration que nous allons clore par trois chants avec les Voix rebelles, dont l'un écrit par Marie Gendron et dédié à ce massacre, ne nous quittons pas.
Merci.
 
Cy Jung, écrivaine, pour le Collectif parisien pour la commémoration du massacre antiféministe de l'école Polytechnique de Montréal.


Note. Si vous souhaitez rejoindre notre collectif, contactez-nous.
Une vidéo de Marie Gendron vous fera revivre cette commémoration.

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