Bonsoir,
Nous commémorons ce 6 décembre le massacre de l’école Polytechnique de Montréal, massacre au cours duquel quatorze femmes ont été assassinées par un terroriste masculiniste.
Je vous remercie sincèrement d’avoir répondu à mon invitation, vous, femmes et hommes engagé·es contre toutes les violences sexistes. Je suis particulièrement touchée de la présence de Florence Montreynaud qui a initié et porté cette commémoration pendant plus de vingt-cinq ans. Je remercie également nos élues Geneviève Garrigos et Marie-Christine Lemardeley conseillères de Paris, et Céline Hervieu, députée de cette circonscription, de marquer, par leur présence, leur soutien.
Raphaëlle Remi-Leleu et Jean-Luc Roméro-Michel, conseillers de Paris m’ont demandé de les excuser, ainsi que le délégué général du Québec.
Le 6 décembre 1989, quatorze femmes de cette université ont été assassinées, d’autres ont été blessées, par un terroriste masculiniste. Armé d’un fusil-mitrailleur, il est entré dans l'École Polytechnique de Montréal, a pénétré dans une salle de cours, en a fait sortir les hommes et a tiré sur les femmes présentes au cri de « Je hais les féministes. » avant de poursuivre ses crimes dans les couloirs. On a trouvé sur lui un tract antiféministe et une liste de femmes connues qu’il voulait également assassiner.
Ce massacre n’est pas l’acte d’un fou isolé. C’est un acte terroriste visant à revendiquer la toute-puissance de la domination masculine, celle qui opprime les femmes dans une société inégalitaire où l’exploitation se dispute la vedette avec l’enrichissement du plus petit nombre. Geneviève Garrigos, l’année dernière, nous rappelait que les féminicides sont des actes politiques qui touchent autant la sphère privée que publique ; ceux que nous commémorons aujourd’hui plus encore que tout autre.
L’actualité politique, nationale et internationale, notamment l’élection de Trump aux États-Unis, comme les facéties de notre président de la République, démontre combien les femmes sont exposées aux retours en arrière et à l’émergence de gouvernements prompts à s’attaquer à leurs droits et à leurs libertés. Cela nous oblige à la vigilance et à ne jamais renoncer à nos engagements.
Je vous remercie d’autant, chacune, chacun, d’être là ce 6 décembre, les précédents, les futurs. Porter la Mémoire est toujours un acte politique majeur. Portons-la.
À l’appel du nom de chaque femme morte au cours de ce massacre, j’invite les quatorze personnes avec une rose à venir la déposer au pied de cette fontaine de l'artiste québécois Charles Daudelin qui accueille depuis plus de vingt-cinq ans notre recueillement.
Elles s’appelaient Geneviève Bergeron, Hélène Colgan, Nathalie Croteau, Barbara Daigneault, Anne-Marie Edward, Maud Haviernick, Barbara Maria Kluznick, Maryse Laganière, Maryse Leclair, Anne-Marie Lemay, Sonia Pelletier, Michèle Richard, Annie St-Arneault et Annie Turcotte
Je vous demanderai à présent une minute de silence.
Avant de vous laisser entre les mains des Voix rebelles qui accompagnent cette commémoration, je veux vous dire un mot de l’initiative de Florence de demander à la Ville de Paris qu’elle appose en ce lieu une plaque commémorative. Une lettre, cosignée par les plus éminentes féministes, puis une autre de la mairesse de Montréal, ont été envoyées à la maire de Paris pour porter cette demande. Je vous passe les péripéties et notamment celles qui ont émaillé un vœu déposé (puis retiré) au dernier conseil de Paris par Raphaëlle Remi-Leleu. Il semble à ce jour que l’exécutif municipal a (enfin) entendu notre demande collective ; je gage que les engagements pris en Conseil de Paris seront tenus.
NB. Vous pouvez aussi écouter Anne-Cécile Mailfert sur France Inter.