Bonsoir,
Nous
commémorons ce 6 décembre le massacre de l’école Polytechnique
de Montréal, massacre au cours duquel quatorze femmes ont été
assassinées par un terroriste masculiniste.
Je
vous remercie sincèrement d’avoir répondu à mon invitation,
vous, femmes et hommes engagé·es contre toutes les violences
sexistes. Je remercie également Geneviève Garrigos et Alexandra Jardin, adjointe au maire du 20e arrondissement,
d’être présentes ce soir.
Nos
élues témoignent ainsi de l’engagement de Paris dans la lutte
contre les violences et les discriminations dont sont victimes les
femmes. Je gage qu’un jour cet engagement se traduise par la pose
d’une plaque commémorative ; ici, ou ailleurs.
Marie-Christine
Lemardeley,
adjointe
à la maire
de Paris en
charge de l’Enseignement
supérieur, Jean-Luc Roméro-Michel, adjoint à la maire de Paris en charge des droits humains et
Céline Hervieu, conseillère de Paris, ainsi que
Michèle Boisvert, déléguée générale du Québec et Maxime
Vézina, conseiller aux affaires politiques m’ont demandé de les
excuser tout en nous assurant de leur entier soutien.
Le
6 décembre 1989, quatorze femmes de cette université ont été
assassinées, d’autres ont été blessées, par un terroriste
masculiniste. Armé d’un fusil-mitrailleur, il est entré dans
l'École Polytechnique de Montréal, a pénétré dans une salle de
cours, en a fait sortir les hommes et a tiré sur les femmes
présentes au cri de « Je hais les féministes. » avant
de poursuivre ses crimes dans les couloirs. On a trouvé sur lui un
tract antiféministe et une liste de femmes connues qu’il voulait
également assassiner.
Ce
massacre n’est pas l’acte d’un fou isolé. Les féminicides ne
sont pas des actes isolés. Les viols, les violences et agressions
dont sont victimes les femmes ne sont pas des actes isolés. Les
discriminations qu’elles subissent quotidiennement dans tous les
secteurs de la vie économique, sociale et culturelle ne sont pas des
actes isolés. Ces actes, ces faits, ces décisions, ces gestes, ces
comportements forment le ciment du patriarcat, système politique où
la domination masculine est encore si fière d’elle-même qu’elle
envahit le champ médiatique, commercial et électoral, ne cessant
jamais de nous opprimer.
Si
je suis attachée à cette commémoration, c’est aussi parce que ce
massacre antiféministe a la particularité d’avoir été commis
par un homme blanc dans un pays occidental à la fin du 20e
siècle. Je ne doute pas que c’est pour cela qu’il est si peu
l’objet de commémorations tout en offrant à d’autres hommes
blancs un exemple à suivre. L’actualité ne cesse de le démontrer.
Je
vous remercie d’autant, chacune, chacun, d’être là ce 6
décembre, les précédents, les futurs. Porter la Mémoire est
toujours un acte politique majeur. Portons-la.
À
l’appel du nom de chaque femme morte au cours de ce massacre,
j’invite les quatorze personnes avec une rose à venir la déposer
au pied de cette fontaine de l'artiste québécois Charles Daudelin
qui accueille depuis plus de vingt ans notre recueillement.
Elles
s’appelaient Geneviève Bergeron, Hélène Colgan, Nathalie
Croteau, Barbara Daigneault, Anne-Marie Edward, Maud Haviernick,
Barbara Maria Kluznick, Maryse Laganière, Maryse Leclair, Anne-Marie
Lemay, Sonia Pelletier, Michèle Richard, Annie St-Arneault et Annie
Turcotte.
Je
vous demanderai à présent une minute de silence.
Encore
merci à toutes et tous d’être présent·s ce soir pour cette
commémoration initiée et portée pendant plus de vingt ans par
Florence Montreynaud avec le réseau Encore féministes ! Je lui ai
demandé si elle avait un message à notre attention. Le voici.
« Gardons
la mémoire de ces quatorze femmes ! Rappelons
publiquement qu’aujourd’hui encore, partout dans le monde,
d’innombrables filles et femmes sont tuées en raison de leur sexe
! Travaillons à un monde de justice, d’égalité et d’amour ! »
Je
n’ai pas plus belle conclusion si ce n’est de vous inviter à
chanter avec les Voix rebelles.
Cy Jung, écrivaine