mardi 7 décembre 2021

6 décembre 2021 — Paris

Place du Québec, 19 heures.

Bonsoir,

Une gintaine de personne devant la fontaine place du Quyebec alors que je lis mon discours.

Nous commémorons ce 6 décembre le massacre de l’école Polytechnique de Montréal, massacre au cours duquel quatorze femmes ont été assassinées par un terroriste masculiniste. Florence Montreynaud portait depuis près de vingt ans cet hommage avec le réseau Encore féministes ! Florence a souhaité se consacrer à d’autres missions dans son action infatigable contre le machisme. Avec deux amies, Flora Bolter et Isabelle Thézé, nous lui avons proposé d’organiser cette commémoration dont je porte aujourd’hui la responsabilité.

Les autres élus cité dans l'articles sous des parapluies 

J’en suis très touchée et vous remercie sincèrement d’avoir répondu à mon invitation, vous, femmes et hommes engagés contre toutes les violences sexistes. Je suis également touchée que Laurence Patrice, adjointe à la maire de Paris en charge de la Mémoire, soit présente ce soir avec Marie-Christine Lemardeley, Geneviève Garrigos et Jean-Luc Roméro-Michel qui témoignent ainsi de l’engagement de Paris, ma Ville, dans la lutte contre les violences et les discriminations dont sont victimes les femmes, pour l’égalité, la liberté. 

Je vous demanderai de porter le masque tout au long de cette courte cérémonie qui est filmée par Marie Gendron. Vous pouvez vous signaler à elle si vous ne souhaitez pas apparaître sur les images.

 

Le 6 décembre 1989, quatorze étudiantes québécoises qui se destinaient au métier d’ingénieure ont été assassinées et dix-neuf autres blessées par un terroriste masculiniste dont je n’ai pas envie de propager le nom. Armé d’un fusil-mitrailleur, il est entré dans l'École Polytechnique de Montréal, a pénétré dans une salle de cours, en a fait sortir les hommes et a tiré sur les femmes présentes au cri de « Je hais les féministes ». On a trouvé sur lui un tract antiféministe et une liste de femmes connues qu’il voulait également assassiner. 

Ce massacre n’est pas l’acte d’un fou isolé. Les féminicides — 107 à ce jour en France pour les onze premiers mois de l’année — ne sont pas des actes isolés. Les viols, les violences et agressions dont sont victimes les femmes ne sont pas des actes isolés. Les discriminations qu’elles subissent quotidiennement dans tous les secteurs de la vie économique, sociale et culturelle ne sont pas des actes isolés. Ces actes, ces faits, ces décisions, ces gestes, ces comportements forment le ciment du patriarcat, système politique où la domination masculine est encore si fière d’elle-même qu’elle envahit le champ médiatique et électoral, ne cessant jamais, à chaque coin de rue, de nous opprimer. 

Si je suis attachée à la commémoration de ce massacre, c’est aussi parce que d’aucuns s’en revendiquent en France aujourd’hui et qu’à mon sens, le seul moyen d’obtenir l’égalité, la liberté, de faire que la vie des femmes comme tout autre vie soit respectée, protégée, c’est de s’attaquer aux racines du mâle et au système de domination qui lui est si chair. 

J’ai écrit mâle avec un accent circonflexe et un e ; chair, c h a i r.

 

14 roses posée sur la fontaine de la place du Québec

À l’appel du nom de chaque femme morte au cours de ce massacre, j’invite les quatorze personnes qui portent une rose à venir la déposer au pied de cette fontaine de l'artiste québécois Charles Daudelin qui accueille depuis plus de vingt ans notre souvenir et l’emporte jusque dans les eaux du Saint-Laurent. Je gage que cette place accueillera bientôt une plaque commémorative.

Elles s’appelaient Geneviève Bergeron, Hélène Colgan, Nathalie Croteau, Barbara Daigneault, Anne-Marie Edward, Maud Haviernick, Barbara Maria Kluznick, Maryse Laganière, Maryse Leclair, Anne-Marie Lemay, Sonia Pelletier, Michèle Richard, Annie St-Arneault et Annie Turcotte.

 

Je vous demanderai à présent une minute de silence.

 

Une petite foule sous les parapluie écoutant mon proposEncore merci à toutes et tous d’être présents ce soir ; je crois en la force de la pensée et de l’action collective. Après cette commémoration que nous allons clore par des chants avec les Voix rebelles, ne nous quittons pas.

Merci.

Cy Jung, écrivaine