jeudi 6 décembre 2001

[Archives du réseau Encore féministes !] Tract distribué le 6 décembre 2001


« LE FÉMINISME N’A JAMAIS TUÉ PERSONNE, LE MACHISME TUE TOUS LES JOURS. »

Benoîte Groult

Commémoration du massacre à la Polytechnique (Montréal)
jeudi 6 décembre 2001, à 19h, place du Québec, à Paris

Nous, féministes de la région parisienne, nous appelons à un rassemblement à Paris le jeudi 6 décembre 2001, à 19h, place du Québec (au coin de la rue de Rennes qui fait face à l’église Saint-Germain-des-Prés), afin de commémorer le massacre de la Polytechnique, à Montréal (Canada), il y a douze ans, le 6 décembre 1989. Nous nous recueillerons et nous déposerons des fleurs blanches.

Comme la tradition s’en est créée depuis 1999*, des féministes, femmes et hommes, se retrouveront à Paris (et, nous l’espérons, dans d’autres villes) pour que l’on n’oublie pas ce crime machiste : quatorze Québécoises (treize étudiantes et une employée) ont été assassinées par un homme qui avait crié « Je hais les féministes. »

La violence symbolique, celle des mots et des images, est l’un des degrés dans l’escalade des violences contre les femmes. Nous qui sommes engagé-es contre la violence machiste, nous portons un ruban blanc, pour témoigner de notre opposition à toute violence machiste.

Tous les ans, nous manifesterons ainsi pour garder vivant le souvenir de ces quatorze mortes.

Venez vous joindre à nous ! Ralliez-vous à notre ruban blanc !

* en 1999, à l'initiative de féministes du groupe "La Barbare"

UN RUBAN BLANC CONTRE LA VIOLENCE MACHISTE

Porter un ruban blanc sur son vêtement signifie : « Je suis engagé-e contre la violence machiste. » En Europe, on connaît le ruban rouge, lié à la lutte contre le sida. En Amérique du nord, il est courant d’arborer un ruban de ce type : il symbolise un engagement et sa couleur permet de savoir duquel il s’agit. Le nôtre est blanc, parce que le blanc est un symbole universel de paix.

le massacre de la Polytechnique
L’histoire de ce ruban remonte au 6 décembre 1989. Ce jour-là, un homme, Marc Lépine, armé d’un fusil-mitrailleur, entra dans l'École Polytechnique de Montréal ; il pénétra dans une salle de cours, il en fit sortir les hommes ; il hurla : « Je hais les féministes », et il tira. Il tua quatorze femmes, treize étudiantes et une employée, puis il se suicida. On trouva sur lui un tract antiféministe et une liste de femmes connues qu’il voulait aussi assassiner.
Le choc fut terrible dans le pays et fit prendre mieux conscience de l’ampleur de la violence contre les femmes. Les 6 et 7 décembre, à travers le Canada, plusieurs groupes de femmes organisèrent des veillées funèbres (à Paris, des féministes se rassemblèrent devant la Sorbonne). Certaines portaient un ruban blanc.
Des hommes de Toronto reprirent cette idée à l’automne 1991. Ils fondèrent la Campagne du Ruban Blanc, qui organise des actions de prévention dans les écoles. Cette Campagne se développe à travers le monde, en Afrique du Sud ou dans les pays nordiques. Au Canada, les pouvoirs publics ont pris des mesures : la loi sur le contrôle des armes à feu est la plus sévère du monde, et la justice a été sensibilisée aux besoins des femmes victimes de violences. De nombreux débats publics ont lieu au sujet de la culture machiste, avec son exaltation de la violence virile.
Et pourtant, la situation des femmes au Canada est la meilleure au monde ! Année après année, le pays reste en tête du classement établi par le PNUD (Programme des Nations Unies pour le Développement). S’agit-il de la meilleure situation, ou de la moins mauvaise ? Parmi bien des sujets pour lesquels la satisfaction ne peut être que relative, celui des violences.

la violence contre les femmes, ça suffit !
On parle souvent de « guerre des sexes », sans connaître l’origine de cette expression. Nul-le ne sait qui a déclaré cette prétendue guerre, mais les faits sont là : la quasi totalité des victimes en sont des femmes. Ça suffit ! Il y a eu trop de violences, trop d’injustices. Trop de femmes assassinées, blessées, violées, excisées, torturées, prostituées, avilies, humiliées, et pourquoi ? Parce qu’elles sont du « mauvais » sexe, le deuxième !
Le ruban blanc que portent certain-es d’entre nous est un signe de reconnaissance des personnes engagées contre la violence machiste et pour la paix entre êtres humains, hommes et femmes. Ce ruban est très solide. Il fera le tour du monde.
Florence Montreynaud

Si vous voulez vous procurer des rubans blancs, envoyez à Encore féministes !, Maison des femmes, 163 rue de Charenton 75012 Paris une enveloppe timbrée à vos nom et adresse + un timbre à 3F par ruban.