Le 6 décembre 2001, place du Québec (à St-Germain-des-Prés), nous
étions une vingtaine, vêtues de noir. Quatorze d'entre nous incarnaient
ces mortes et chacune, à l'appel de son nom, est allée déposer une rose
blanche sur le monument.
"Aujourd’hui, mercredi 6 décembre 2001, nous, féministes de tous
les pays, nous portons le deuil et nous honorons la mémoire de :
Geneviève Bergeron
Hélène Colgan
Nathalie Croteau
Barbara Daigneault
Anne-Marie Edward
Maud Haviernick
Barbara Maria Kluznick
Maryse Laganière
Maryse Leclair
Anne-Marie Lemay
Sonia Pelletier
Michèle Richard
Annie St-Arneault
Annie Turcotte
Lecture a été donnée d'une lettre de la Québécoise Élyse Dupras, datée du 25 novembre 2000
« Je suis touchée de voir comment, en France comme ailleurs, le 6
décembre est devenue une date significative pour la lutte contre la
violence faite aux femmes. En tant que Québécoise et féministe, je tiens
à vous remercier de commémorer le massacre de Polytechnique : oublier
les effets de la haine contribue souvent à lui permettre de faire de
nouvelles victimes... Je vous remercie, tout en sachant que le deuil des
victimes de Polytechnique n'est pas seulement le mien, il n'est pas
seulement celui du Québec, il est celui de toutes les féministes, et
donc le vôtre tout autant que le nôtre.
La violence faite aux femmes
est un problème sur lequel on a largement légiféré au Canada comme au
Québec. Nos avons de très bonnes lois... mais elles ne sont pas toujours
appliquées, et les outils dont nous nous sommes dotéEs sont excellents,
mais ceux qui devraient en disposer hésitent souvent à les utiliser.
Aussi la violence conjugale recule-t-elle très lentement. Les organismes
de soutien sont sous-financés, et sans cesse débordés...
La lutte n'est pas terminée. Elle ne le sera pas de sitôt. Seule
la solidarité, votre solidarité, peut faire reculer la violence contre
les femmes, sous toutes les formes qu'elle prend.
Que vos rubans blancs couvrent Paris et forment un pont paisible entre les féministes du monde! »
Nous avons distribué des tracts aux passants et nous en
avons laissé à disposition, sous les roses. Deux heures plus tard, nous
avons vu que des mains anonymes avaient aussi déposé, au même endroit,
des oeillets blancs.
NON À LA VIOLENCE MACHISTE ! OUI À LA SOLIDARITÉ FÉMINISTE !